Le Kankourang : un masque traditionnel en spectacle
Masque et être mythique gardien des valeurs des peuples mandingues de la Sénégambie, le Kankourang apparaît généralement en fin d’hivernage et à l’occasion des cérémonies de circoncision entre les mois de septembre et octobre
Sa sortie plus fréquente dans les villes de Mbour, Ziguinchor, Sédhiou, fait moins peur que dans le passé et prend des airs d’un spectacle ambulant rythmé de danses, de chants et de courses-poursuites au grand bonheur des populations et des touristes. Classé patrimoine culturel immatériel mondial par l’Unesco, le kankourang, génie protecteur de la communauté mandingue, est également adopté par d’autres ethnies comme les Diola, Baïnouks, Peuls du Fouladou, Balantes, Manjack, etc. Fort d’une image populaire et spectaculaire, il joue un rôle important de régulateur de la société. Garant de la sécurité des initiés à l’occasion des cérémonies de circoncision, il chasse les mauvais esprits, assure également la protection des fruits et productions agricoles, veille sur les comportements, l’environnement et généralement sur la consolidation du tissu sociale de la communauté. En plus de cette noble mission de gardien de la tradition, il allie l’utile et « l’agréable utile » en animant un spectacle ambulant très festif au rythme du Jambadong (la danse des feuilles). Les acteurs de ce spectacle aux allures carnavalesques chantent et dansent au son du Kutiiroo, du Junkurado et du Sabaroo. Constitué d’un costume en fibres rouges façonné à partir des écorces du semmelier (Fara Jung) appelé Kankouran Fanoo (le pagne du masque) de la tête aux pieds, le kankourang se munie de deux machettes qu’ils croisent par moment pour créer un bruit grinçant et aussi pour corriger aussi bien, accompagnateurs, initiés que les potentiels autres cibles… Il se distingue également par une sorte de cagoule impressionnante sous forme d’une accumulation de fibres attachées qui couvre toute sa face appelé Joubolo et une longue corde en bandoulière composée également en fibres tressées attachées à ses extrémités appelée laroo. Le tout est synchronisé par un cri strident et effrayant qu’il lance par moment lors de ses déplacements aux allures de « patrouilles » Cependant, ce qu’il faut retenir, c’est que les masques Kankourang représentent les ancêtres mythiques du peuple mandingue. Ils sont destinés à attirer le couple de Pemba et de Maïe appelé « mama » et à capitaliser leur puissance vitale. Considérés comme des immortels, ils sont les dépositaires du patrimoine culturel mandingue. Ainsi, leur seule apparition en public raconte l’histoire d’un peuple et symbolise, du coup, sa mémoire collective.
Youssuf chinois