El Hadji Abdoulaye Cissé Borom Diamal : L’Astre du Ndoukoumane
Né vers 1840 à Wanar, dans l’actuelle commune de Mabo, département de Mbirkilane, région de Kaffrine, El Hadji Abdoulaye Cissé, plus connu sous le nom de « Boroom Diamal », fils de El Hadji Ousmane Cissé et de Sokhna Hawa Khady Ndoumbé Dramé, émergea d’une famille bénie où le Coran chantait dans chaque souffle. Son village natal, Wanar, abritait l’une des plus anciennes mosquées du Sénégal, un sanctuaire d’où s’élançait son destin. Sous l’œil vigilant de son père, Serigne Ousmane Cissé, il débuta son périple spirituel en apprenant les versets sacrés. Encore jeune, il quitta le doux berceau familial pour rejoindre le village voisin de Bambaly, où il mémorisa les paroles divines avant de revenir à Wanar pour s’initier au Fiqh, ce droit islamique qui deviendra l’un de ses savoirs les plus profonds.
Sa soif inextinguible de connaissance le poussa ensuite vers Mbacké Kadior, où il s’immergea dans les enseignements de Mame Anta Saly Mbacké, père de Serigne Touba, à partir de 1868. Comme un pèlerin suivant la lumière, il se dirigea vers Saint-Louis pour parfaire son savoir sous la tutelle du sage Serigne Birahim Diop. C’est là, dans l’effervescence des études et des prières, qu’il rencontra Seydi El Hadji Malick Sy, qui deviendra un autre phare de la Tidjaniya. De cette amitié naîtra une relation spirituelle si forte qu’El Hadji Abdoulaye Cissé, avant de poursuivre son voyage en Mauritanie, confiera certains de ses élèves à Maodo, parmi eux, les futurs érudits Elimane Sakho et Abdou Cissé de Pire.
À son retour au Sénégal, El Hadji Abdoulaye Cissé se dévoua corps et âme à la diffusion de la lumière tidjane, particulièrement dans le Saloum et le Ndoukoumane. Son amour pour la tariqa tidjania se reflétait dans chaque enseignement, dans chaque souffle de prière. Il semait les graines de cette tradition soufie dans les cœurs de ses disciples, faisant de Diamal un sanctuaire vivant, vibrant d’une foi intemporelle.
Avant de s’ancrer définitivement au Saloum, El Hadji Abdoulaye Cissé arpenta divers chemins, passant par Cherif Lô et Njéri. Ses parents Saloum-Saloum, en quête de cette lumière, vinrent à sa rencontre, d’abord à Cherif Lô, puis à Njéri, et enfin à Kacoune, où il reçut la lettre de sa mère bien-aimée, Awa Khady Dramé, l’appelant à revenir.
En 1910, il posa les fondations de l’école de Diamal, située à deux kilomètres de Mbirkilane. Ce lieu, consacré à l’amour de Dieu et au savoir, devint rapidement l’un des foyers spirituels les plus éclatants de la région de Kaffrine, sinon de tout le Sénégal. On y venait de près et de loin, du Sénégal et de la Gambie, pour se nourrir des enseignements prodigués, où se mariaient la rigueur coranique, la sagesse du Fiqh, et l’éclat mystérieux de l’astronomie, cette science des étoiles qui, sous son regard, devenait accessible et fascinante.
Son daara, reconnu pour la qualité exceptionnelle des enseignements dispensés, attira des étudiants et des maîtres soufis renommés non seulement à travers le Sénégal, mais aussi en Afrique et au-delà. Parmi les figures marquantes qui y passèrent figurent El Hadji Alioune Faty Cissé, devenu son héritier spirituel, El Hadji Oumar Ndao de Darou Salam Nioro, Serigne Wouly Touré, Mame Ahmad Aminta Niass Ibn El Hadji Abdoulaye Niass de Kaolack, El Hadji Élimane Sakho, Serigne Habiboulaye Sall de Dimiskha, Babacar Cobar Ndao de Kaffrine, Tafsir Abdoul Cissé de Pire, ainsi que El Hadji Bara Mbacké Falilou de Touba.
L’école de Diamal, véritable berceau de savoir, donna naissance à d’autres foyers d’enseignement islamique dans le Saloum : l’école Elhadji Omar Ndao à Darou Salam Nioro, l’école Makhtar Ouly Touré à Thioyène Niombato, l’école Babacar Koba Ndao à Kaffrine, l’école Tafsir Abou Marame Cissé de Pire, et l’école de Soucouta, pour n’en citer que quelques-unes. Ces établissements, comme des astres, perpétuèrent l’éclat de la Tidjaniya, illuminant des générations de fidèles.
En 1888, l’appel sacré le conduisit à la Mecque, où il reçut le titre honorifique d’El Hadji. Son esprit, illuminé par le Coran, lui valut le titre de Tafsir, et sa maîtrise des sciences islamiques, notamment l’astronomie, le consacra comme un érudit d’une renommée nationale.
De Kaolack à Touba, en passant par Tivaouane, il avait tissé de solides relations avec ses contemporains, partageant avec eux une foi islamique profonde.
El Hadji Abdoulaye Cissé quitta ce monde le 15 février 1925, laissant un héritage spirituel aussi vaste que le ciel étoilé qu’il contemplait. Son fils aîné, El Hadji Babou Mariétou, poursuivit son œuvre à la tête de l’école, gardant vivante la flamme du savoir et de la piété. Aujourd’hui, c’est son petit-fils, El Hadji Mouhamadou Lamine Cissé, mieux connu sous le nom de Modou Maam Ndiaye, qui continue d’enseigner le Coran à Diamal, ce lieu sacré qui demeure un phare pour les fidèles.
Chaque année, lors de la traditionnelle ziarra, les fidèles se rassemblent nombreux à Diamal, pour honorer la mémoire du maître dont la lumière continue de guider des générations, tel un astre immortel.
Seydi Diallo enseignant à l’IEF de Guinguinéo
Photo: Son premier Khalif