Le Sénégal a pu remettre en marche son système éducatif pour les élèves en classes d’examen le 25 juin 2020, au terme d’un long processus. Cependant, si achever l’année pour les 551 000 candidats des classes d’examen a été un pari, la préparation de la prochaine rentrée, l’optimisation des conditions d’apprentissage et les modalités de passage pour les élèves des classes intermédiaires en sont d’autres. Pour rappel, les 3 000 000 d’élèves non candidats ont passé près de six mois loin des écoles. Ils ont été contraints d’étudier à travers des dispositifs mis en place, s’ils n’ont pas simplement été en vacances. Ils ont mal achevé l’année en cours et vont commencer tardivement la nouvelle année sans les prérequis nécessaires.
QUATRE DEFIS POUR SOUTENIR LE PROCESSUS DE REPRISE
1. Eviter toute rupture dans la mise en œuvre du protocole sanitaire mais aussi dans le maintien de la salubrité des établissements scolaires (disponibilité en permanence du matériel de protection, approvisionnement en eau, fonctionnalité des toilettes, …)
2. Renforcer la dynamique communautaire en vue d’assurer quotidiennement la sécurité et la santé des élèves, enseignants et personnels d’appui.
3. Privilégier la concertation entre les différents acteurs, y compris les représentants des apprenants, en vue de leur adhésion aux décisions.
4. Apporter des réponses pratiques aux effets de l’hivernage qui s’installe progressivement dans le pays avec ses caractéristiques sur le double plan sanitaire (maladies hivernales) et environnemental (inondations et dégradation des infrastructures).
AU MOINS TROIS CONDITIONS POUR LA PRISE EN CHARGE PEDAGOGIQUE DES ELEVES DES CLASSES INTERMEDIAIRES
1. S’accorder sur un protocole pédagogique adapté aux besoins des élèves et reposant sur un socle minimal de compétences.
2. Assurer systématiquement la remise à niveau des élèves des classes intermédiaires, en vue de garantir la mise en place des prérequis à partir d’un pré-test et achever ce processus par un post test.
3. Accompagner les initiatives de cours de vacances, développées traditionnellement par les communautés.
AU MOINS QUATRE PARAMETRES POUR LE PASSAGE EN CLASSE SUPERIEURE DES ELEVES DES CLASSES INTERMEDIAIRES
1. Respect des dispositions de la loi sur l’obligation scolaire de dix ans
2. Application des dispositions administratives qui organisent le redoublement et le passage intra et inter cycles ;
3. Prise en compte de l’âge de l’élève dans la décision ;
4. Planification d’activités pédagogiques de remise à niveau centrées sur les prérequis nécessaires aux programmes de la nouvelle année scolaire.
Au regard de ces défis, conditions et paramètres, la COSYDEP a examiné trois formules de passage tout en attirant l’attention sur les avantages et inconvénients de chacune d’elles.
FORMULE 1 : Tous les élèves des classes intermédiaires passent en classe supérieure. Cette formule semble facile et simple mais comporte plusieurs limites. Elle est négativement chargée et historiquement marquée du fait de précédents connus pouvant aggraver le discrédit sur le système.
FORMULE 2 : Les élèves des classes intermédiaires passent sur la base du critère de la moyenne Pour cette formule, il y a lieu d’éviter les limites que recèle le critère de la moyenne qui est tout à fait relatif. En outre, cette formule est en déphasage avec les principes de la déconcentration surtout si le seuil de la moyenne requise pour passer est décrété par le niveau central.
FORMULE 3 : Les équipes pédagogiques font des propositions de passage validées par les IEF. Cette formule responsabilise les équipes pédagogiques dans la définition des modalités de passage ou de redoublement sous la supervision des IEF. Elle restitue aux enseignants le pouvoir de décider, au plan pédagogique, du parcours de leurs élèves. La formule valorise les acteurs du terrain et comporte l’avantage de fonder la décision, d’une part sur des données factuelles et, d’autre part sur l’expérience des acteurs les plus proches de la classe. Dans cette optique, les limites du critère de la moyenne sont atténuées par l’expérience des enseignants issue de la pratique de la classe et de la connaissance des élèves.
En somme, la COSYDEP reconnaît qu’il existe plusieurs modalités pour régler la question du passage en classe supérieure des élèves des classes intermédiaires. Cependant, la Coalition exhorte les autorités à faire preuve d’ouverture et de flexibilité en vue d’approfondir minutieusement la réflexion sur les différentes modalités de manière à choisir celle qui répond au mieux à la poursuite sans préjudice du cursus scolaire des apprenants.
PREPARATION DES EXAMENS DE FIN D’ANNEE
Anticiper sur les difficultés qui pourraient survenir :
1. S’appuyer évidemment sur l’expérience et l’expertise des professionnels de l’enseignement (autorités académiques et enseignants)
2. Prévoir des solutions de rechange face aux contraintes que pose l’hivernage.
3. Baser les épreuves sur les seuils minimaux de maitrise dans les différentes disciplines.
4. Renforcer la vigilance dans le choix, l’administration et la correction des épreuves mais aussi dans les délibérations.
PREPARATION DE LA PROCHAINE RENTREE SCOLAIRE.
La rentrée scolaire 2020-2021, spécifique du fait du contexte de l’année, devra s’appuyer sur :
1. L’établissement d’un bilan objectif, exhaustif et inclusif des conséquences de la COVID19 en vue d’apprécier la portée des multiples offres d’accompagnement des apprenants, d’évaluer le dispositif de reprise des enseignements et d’en tirer des leçons pour l’avenir ;
2. La garantie de la stabilité de l’année scolaire 2020-2021 par des négociations ouvertes et sérieuses en vue de traiter efficacement la question Enseignante et de maintenir la trêve.