Dites à Monsieur Sonko que l’économie c’est la confiance ! (Amadou Mbengue, PIT-Senegal)

Il est regrettable , voire même pathétique, de constater la situation actuelle du Sénégal, où les enjeux électoralistes semblent avoir pris le pas sur les intérêts nationaux.
Au moment où les inondations envahissent Dakar, sa banlieue et l’intérieur du pays,on nous invite à une agitation et une propagande politiciennes pour faire l’état du pays qui ,selon Mandiambal Diagne ,devait se tenir depuis la première semaine du mois de Juillet 2024, par conséquent hors délai au regard de la loi.
Qu’à cela ne tienne !
Au moment où des dizaines voire des centaines de jeunes périssent dans l’Atlantique ou dans le désert,on nous invite à un cirque.
Peu importe ! L’essentiel est qu’il tienne sa campagne électorale avant l’heure d’une part et d’autre part préparer l’opinion aux difficultés futures notamment avec la suppression des subventions exigée par les bailleurs de fonds et que le Président Macky Sall avait fortement refusée.
D’abord, par exemple, les propos du Premier ministre, qui, par ses déclarations populistes, a réduit à néant la crédibilité de la parole publique du Sénégal. Le cas d’Ousmane Sonko illustre parfaitement cette dérive. Faut-il croire au Sonko de 2017, qui affirmait sans sourciller que les pipelines siphonnaient déjà le pétrole du Sénégal, alors que ces infrastructures n’étaient même pas encore opérationnelles ? Ou à celui qui niait connaître Sweet Beauté et Adji Sarr, malgré les nombreuses preuves à son encontre ?

Il a également défié le président Macky Sall de mettre en service le Train Express Régional (TER), en pariant sa propre identité, promettant qu’il ne s’appellerait plus Sonko si le TER fonctionnait. Or, non seulement le TER est aujourd’hui une réalité, mais Sonko a lui-même échoué à respecter ses propres engagements. Cela fragilise non seulement son image, mais aussi celle de tout le pays.

Plus inquiétant encore, Sonko n’a pas hésité à accuser l’administration du ministère des Finances et celle de la Banque centrale de mensonge et de falsification des documents économiques.
Mais comme un crime n’est jamais parfait,il aurait pu bien observer et évaluer ses principaux collaborateurs avant de telles déclarations.
Certains « accusés » pilotent l’anti système !
Cette attitude, paraissant irresponsable à bien des égards, a des répercussions graves. D’abord, comme le disait l’économiste Joseph Stiglitz, « La crédibilité d’une nation repose en grande partie sur la confiance accordée à ses institutions financières. » , ensuite lors d’une émission télévisée, l’économiste El Hadji Ibrahima Sall, le dernier ministre du plan du Président Abdou Diouf,déclarait ceci: « s’il y a une chose essentielle en économie, elle s’appelle la *confiance « . En jetant le discrédit sur ses propres institutions, Sonko fragilise la position du Sénégal sur la scène internationale.

Les investisseurs et institutions économiques internationales ne sont pas des philanthropes ; ils évaluent les risques avant tout. Une parole publique qui perd de sa valeur entraîne des conséquences directes : levées de fonds plus coûteuses, emprunts onéreux, et une dette qui s’alourdit. C’est ainsi que, par ses propos imprudents, le Sénégal risque d’être classé ( s’il ne l’est pas déjà ?) comme un pays à haut risque pour les investisseurs. Comme l’a justement rappelé l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchill, « Un homme politique pense aux prochaines élections, un homme d’État pense aux prochaines générations. »

Il est crucial de rappeler que si un opposant politique peut parfois se permettre certaines libertés dans ses discours, un homme d’État en exercice doit mesurer chaque mot avec soin et justesse. Il en va de l’avenir et de la réputation d’un pays tout entier. Lorsque les décisions sont louables, elles méritent d’être saluées ; mais lorsqu’elles sont nuisibles, elles doivent être dénoncées. Le seul intérêt ici est celui du Sénégal, un pays qui ne peut se permettre de compromettre sa crédibilité sur la scène internationale.

Amadou Mbengue chargé des élections du PIT/ Sénégal de la coordination de Rufisque
Membre du BP et du CC.

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