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SÉNÉGAL :PASSAGE DES ÉLÈVES EN CLASSE SUPÉRIEURE, REMARQUES ET PROPOSITIONS.(par Ibra Ndiaye)

J’essaierai comme toujours d’être bref et positif.
1-La décision du ministre Mamadou Talla sûrement sur proposition des IA et IEF de fixer des seuils de moyenne pour le passage en classe supérieure est pertinente pour la présente année. Face à la nécessité de sauver l’année et vu les conditions de travail extrêmement difficiles il est impératif d’éviter que l’élève paye les pots cassés mais aussi de placer le système dans une situation durable de dysfonctionnement et d’impossibilité de gestion efficiente des effectifs et aussi de la qualité.
2-Linterdiction d’exclure un élève pour mauvais résultats est explicitement prévue par la loi d’orientation 91-22 car on ne peut rendre l’éducation obligatoire jusqu’à 16ans et exclure un élève du Cycle fondamental pour mauvais résultats. C’est le mettre dans la rue et clamer allègrement que l’éducation est obligatoire jusqu’à 16 ans (18 ans d’ailleurs si on inclut les éventuels redoublements). Heureusement aucun parent n’a pas encore jusqu’ici saisi le Conseil d’État ou la Médiature de la République pour s’opposer à l’exclusion de son enfant pour mauvais résultats.
3-Si le redoublement d’étape dans l’élémentaire et de classe dans le moyen secondaire n’est pas limité il ne pourrait y avoir de restrictions d’âge pour se présenter au BFEM et au bac. Pour la bonne et simple et raison qu’on ne peut laisser un apprenant redoubler plusieurs années et lui interdire de se présenter à un examen au motif qu’il serait trop âgé car ce serait alors l’exclure pour mauvais résultats ce qui est encore interdit. Il faut donc y voir plus clair :
4-Les seuils de moyenne donnés dans l’arrêté ministériel doivent être transitoires et valables uniquement pour la présente année pour cause de la pandémie du Covid-19. Sinon les résultats vont plonger et le système évoluer vers une faillite dont on mettra sûrement des années pour en sortir.
4-Plus que l’exigence des stratégies d’évaluation formative, il faut nécessairement que le 1er trimestre de la prochaine année reprenne d’abord ce que les élèves ne savaient pas et dont les enseignants sont seuls juges et ce qu’il était essentiel de savoir dans les programmes de l’année précédente. Je dis précédente et non écoulée car je ne raisonne pas en termes de quantum mais de contenus d’apprentissages essentiels à voir pour atteindre les compétences souhaitables.
5-Il faut maintenir le redoublement d’étape de l’élémentaire à une seule année tout autant que le redoublement de classe dans le moyen secondaire. C’est quoi obliger un élève élève de CP, de CE2 ou de CM1 à faire pendant 3 ans la même classe c’est-à-dire la moitié du cycle de l’élémentaire? Ou encore 3 fois la 6ème, la 5ème ou la 4éme un collégien presque autant de temps nécessaire pour le moyen? C’est une façon de fonder le système sur un échec dont l’apprenant ne serait pas responsable.
6-Le redoublement doit être maintenu à une seule année dans l’élémentaire car si l’élève de CP redouble une année l’enseignement doit être en mesure de lui permettre de combler le déficit. S’il passe au CE1 et arrive au CE2 pour devoir redoubler alors le verdict est clair, bien net et il faut avoir le courage de le reconnaître : ce sont les enseignants qui sont responsables, et aussi le système. La même remarque est valable pour le moyen avec cette réserve que l’élève qui arrive en 6ème et redouble est la preuve qu’il n’avait pas le niveau requis. Et hélas, c’est triste de le constater mais les professeurs du moyen sont obligés pour ceux qui en ont la volonté de procéder à des renforcements en 6ème et 5ème pour reprendre les fondamentaux du programme de la 3ème étape de l’élémentaire.
7-La reddition des comptes doit avoir une dimension pédagogique. Si dans une école élémentaire les élèves arrivent jusqu’au CM2 sans savoir lire et écrire ou qu’ils sont contraints à des redoublements itératifs d’étapes ou encore que dans un collège les redoublements massifs sont la règle couplée aux mauvais résultats du BFEM, cela signifie en clair que ce sont les équipes pédagogiques qui sont les principaux responsables sans exclure la part de responsabilité du système (manque de manuels, classes pléthoriques, formation et requalification insuffisante des enseignants).
Pour conclure en une phrase : l’arrêté ministériel doit être transitoire et valable uniquement pour l’année Covid-19. Tout le monde doit se mettre au charbon pour avoir des élèves de niveau et un système ou le redoublement est l’exception et non la règle.


Ibra Ndiaye, Inspecteur à la retraite, Imam à Fatick

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