
On s’interroge aujourd’hui sur le rôle de l’historien dans un monde en rapide mutation. Les uns demandent au passé de leur fournir une explication ou une justification du présent. D’autres y cherchent des racines constitutives d’identité ou bien des clefs pour l’avenir. Plus que jamais ce que Lucien Febvre concevait comme la fonction sociale de l’historien (« organiser le passé en fonction du présent « ) est à l’ordre du jour. D’où une responsabilité accrue vis-à-vis du corps social, puisque le savoir ainsi produit se trouve authentifié par une estampille « scientifique «
Devant les attentes de la société et devant l’attention du publique, voila l’historien somme de démêler l’écheveau et de fournir un fil conducteur, le plus souvent en alliant sa fonction critique avec une fonction civique et une fonction éthique. Même s’il ne s’agit point par cet appel à l’expertise savante d’ériger l’historien en augure patenté de la cité, on doit souligner qu’une telle prise de parole en réponse au questionnement du temps, a condition de s’exercer dans l’observance stricte des règles du métier, est d’une parfaite légitimité en donnant à l’histoire son épaisseur signifiante.
Cf, François BEDARIDA, PRAXIS HISTORIENNE ET RESPONSABILITE.extrait de DIOGENE , No 168, « la responsabilité sociale de l’historien « , octobre-décembre 1994.Rue Miollis, 75732, Paris CEDEX 15.