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Les axes stratégiques la réforme de l’acte III

Les axes stratégiques la réforme de l’acte III de la Décentralisation (Ousmane BADIANE)

L’organisation territoriale du Sénégal comprend deux niveaux : la déconcentration et la décentralisation.
Le niveau déconcentré compte quatorze (14) régions (administratives), quarante cinq (45) départements et cent vingt trois (123) arrondissements. Quant au niveau décentralisé, il compte quatorze (14) régions (collectivités locales), cent soixante douze (172) communes (dont 5 villes et 46 communes d’arrondissement), et trois cent quatre vingt cinq (385) communautés rurales.
1. La Communalisation intégrale
Avec la réforme, l’appellation « communauté rurale » qui est une spécificité sénégalaise va disparaître. Toutes les communautés rurales, vont dans leur configuration actuelle devenir des communes. Il n’y aura pas de différenciation entre commune urbaine, commune de district et commune rurale.  Certes, la communisation intégrale pourrait offrir beaucoup d’opportunités aux communautés rurales en matière de coopération décentralisée, mais également elle permettrait de se conformer aux directives de l’UEMOA, sur l’harmonisation des appellations des Collectivités territoriales.  La communalisation intégrale répond à l’impératif d’une gestion de proximité des problèmes de populations et une participation des acteurs locaux à l’impulsion et à la mise en œuvre des stratégies de développement territorial.
2. La départementalisation
Les 45 départements que compte notre pays vont être érigés en échelon de gouvernance. La recherche d’un espace vécu comportant une homogénéité socioculturelle et économique et un vif sentiment d’appartenance, justifient la volonté de réinvestir les départements afin d’en faire un puissant vecteur pour une bonne politique de décentralisation. Les départements pourraient offrir l’opportunité de mettre en exergue des valeurs idéelles et symboliques très fortes, porteuses de sentiments d’appartenance et d’identification. Comme le fait observer le document Cohérence territoriale de l’Acte III de la décentralisation.  « Les liens forts entre l’acteur et son espace sont sollicités pour construire de nouveaux espaces politiques fondés sur une autonomie réelle, une démocratie et une administration de proximité territoriale »  Ainsi, le département assurerait le maillage territorial nécessaire à la construction de la communalisation intégrale. Dans une démarche de coopération intercommunale, le département permettrait d’une part, d’adapter la planification élaborée au niveau régional en vue de faciliter son appropriation par les échelons communaux, et ,d’autre part, servir de cadre de mise en œuvre des projets territoriaux et des politiques publiques, dont la réalisation dépasse le cadre d’une commune, par la mutualisation des ressources, des énergies et des moyens de toutes les communes du département.
3. Les « régions territoires »
Au lendemain de l’indépendance (1960), notre pays comptait sept (7) régions, 8 régions en 1976 (la Région de Diourbel est subdivisée en deux entités : Diourbel et Louga), puis nous sommes passés en 1984 à 10 régions (la Casamance divisée en 2 régions Ziguinchor et Kolda) et la région du Sine Saloum scindée en deux parties (Kaolack et Fatick). Après 2000, la région de Matam fut créée, ce qui porte le nombre de région à 11 et en 2008, trois autres régions furent créées (Kaffrine- Sédhiou et Kolda). Au total, à l’heure actuelle, le Sénégal compte 14 Régions.  Depuis la réforme de 1996, la région est donc érigée en collectivité locale dans le cadre de la décentralisation, et elle complète ainsi les autres ordres de collectivités territoriales que sont les communes et communautés rurales. Il ya lieu de préciser que le territoire de la région collectivité locale coïncide avec celui de la région administrative.
La déconcentration et la décentralisation sont caractérisées par la cohabitation entre élus locaux qui forment les organes délibérants et exécutifs d’une part, et, d’autre part des représentants de l’Etat central qui exercent un contrôle de légalité a posteriori.
Le « Pôle Territoire « ou » région territoire », constitue la nouvelle assise du développement durable et du rayonnement des territoires. Il s’agit ici de regrouper les 14 régions en 6 à 8 pôles, pour asseoir des territoires viables et compétitifs porteurs de développement durable. Ce faisant la « région Territoire », constitue l’échelon de mise en cohérence des outils de planification des actions de développement dans un espace socio-économique et culturel d’ampleur régionale, et homogène au plan éco-géographique.  Pour mettre fin à l’émiettement des régions actuelles, dépourvues de ressources et de moyens, les « Pôles Territoires » vont constituer un puissant levier qui va favoriser une cohérence et une synergie des interventions.  Plusieurs propositions de découpage et de regroupement des entités territoriales ont été faites, et sur lesquelles s’est appuyée la commission ¨Cohérence Territoriale¨.  La promotion de tels territoires de convergence économique, axés sur des entités économiquement viables, peut contribuer à l’émergence d’un maillage et d’un développement poly centré de l’espace communautaire.  La Commission sur la Cohérence territoriale a proposé un regroupement des régions du Sénégal en 6 pôles territoires.
1 Pôle-territoire Casamance : Il fusionnera les régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda .Il s’étend sur 28350km², pour une population de 1551600 habitants en 2012.
Activités phases : d’énormes potentialités tant pour l’économie rurale, industrielle et touristique. Position géostratégique favorable pour l’élevage, le tourisme balnéaire, l’écotourisme, production et transformation agricole.
2. Pôle-Territoire Diourbel-Louga : fusionnera les territoires de Diourbel et Louga, pour une superficie 29616km² pour 2 377 994 habitants en 2012
Activités : ressources agro-pastorales considérables. Le pôle religieux et économique que constitue Touba est un atout majeur pour le développement territorial et national.
3. Pôle-Territorial Fleuve : comprend les anciennes régions de Saint-louis et Matam. Sa superficie est de 48 503 km² pour 1 562 530 habitants en 2012. L’unité territoriale est cimentée par la vallée du fleuve qui a toujours joué un rôle socioculturel de brassage des peuples, de vecteur d’intégration sous-régionale.
Atouts : Potentiel hydrologique, hydro-agricoles et hydro-électriques .Spécialisation dans la riziculture, le maraichage, l’industrie agro-alimentaire (SOCAS, CSS), écotourisme, pêche artisanale et exploitation minière.
4. Pôle-Territoire Sine Saloum : couvre les anciennes régions de Kaolack, Fatick et Kaffrine, sur une superficie de 23545km² pour 2 005 577 habitants en 2012.
Atouts : d’énormes potentialités agricoles, touristiques et halieutiques. Zone de prédilection du bassin arachidier, situé dans une position géo-stratégique frontalière avec la Gambie et assurant l’interface avec la Casamance et le Sénégal oriental.
5. Pôle Territoire Sénégal Oriental : couvre les anciennes régions de Tambacounda et de Kédougou, et couvre une superficie de 59602 km2 pour 817 527 habitants en 2012.
Atouts : Des potentialités naturelles immenses autorisant une agriculture diversifiée et le développement d’un tourisme paysager (Parc de Niokolo koba). Potentialités minières (Or, uranium), Ecotourisme, polyculture.
6. Pôle-Territoire Dakar-Thiès : La région « Dakar-Thiès » recompose les deux régions du même nom. La Plateforme technique et industrielle de Diamniadio, le nouvel aéroport de Ndiass, la construction de l’autoroute à péage vont renforcer les régions et faire de Dakar un véritable hub urbain.
Thiès renferme d’énormes potentiels industriels, du tourisme urbain, des industries artisanales, du cuir, du textile.
Atouts : Port Autonome de Dakar-AIBD. Entreprises de services-Maraîchage dans les Niayes –Pêche industrielle et artisanale, Industries chimiques et Tourisme d’affaires
Voilà les 6 pôles régions proposés par la Commission Cohérence territoriales. Il semble que le pôle Dakar-Thiès a fait l’objet d’un amendement, consistant à maintenir les deux entités comme des « régions territoires » séparées. Dakar, à cause de sa macrocéphalie aux plans économique, administrative et politique. Et Thiès, au regard de l’importance de son potentiel économique et de sa position stratégique de métropole carrefour.  Ainsi, le Sénégal disposerait de 7 « pôles Territoires », susceptibles de cristalliser une personnalité régionale, afin de promouvoir un développement spatial multipolaire, constitués des zones éco-géographiques fonctionnelles, qui permettraient d’interconnecter les villes de taille variable pour faire des nœuds importants de structuration, capables d’offrir une gamme de services aux activités économiques des territoires, et faciliter l’accès aux marchés.

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