Dans
un langage diplomatique, South African Airways (SAA) annonce son départ
de Dakar. La compagnie sud-africaine qui assurait la desserte Dakar
(AIBD)-Washington Dulls au moyen de ses A330, deux fois par semaine a
décidé de plier bagages pour Accra qui se voit ainsi renforcée.
À
partir du 05 septembre prochain, les vols de South African Airways, au
départ de Johannesburg pour Washington et vice-versa ne transiteront
plus qu’à Accra, la capitale ghanéenne.
Le
dernier vol Dakar-Washington assuré par SAA est prévu le 1er septembre,
selon un communiqué de la compagnie diffusé sur son site internet.
D’ailleurs, la compagnie a trouvé des vols alternatifs aux passagers qui
avaient déjà réservé un billet au delà de cette date.
Pour
justifier ce départ qu’elle qualifie plutôt de « suspension », sans
pour autant donner une date exacte de la reprise de la desserte, SAA
évoque le flux important de voyageurs à destination de Washington, au
Ghana.
D’autres
raisons se cacheraient-elles derrière l’abandon de Dakar au profit de
Accra ? Dakaractu a tenté d’entrer en contact avec les responsables
locaux de SAA, mais a appris qu’aucun d’entre eux n’est sur le
territoire. Et la standardiste avec qui nous avons échangé s’est
déclarée incapable de nous fournir les informations sur la décision
prise par ses supérieurs. Sans
doute, les jours prochains nous édifieront. Mais ce départ ne sera pas
sans conséquence sur les rentrées d’argent à l’aéroport international
Blaise Diagne de Diass.
Un manque à gagner pour l’économie aéronautique
En
2015, lorsque la même compagnie a décidé de réduire ses vols (toutes
destinations confondues) qui étaient de 21 à 4, au profit d’Abidjan et
d’Accra, Jean Paul Dias y voyait déjà une fermeture qui ne dit pas son
nom. Le temps lui a donné raison, puisque quatre ans après, SAA quitte
Dakar même si c’est, selon les termes de la compagnie aérienne sud
africaine, temporaire. Aussi le responsable politique qui, pour cette
occasion, a montré qu’il a plusieurs flèches à son arc, de mettre en
lumière les conséquences économiques qu’une telle réduction engendrait.
Il écrivait : « sur la plateforme aéroportuaire de Dakar, outre ses 21
vols par semaine selon 3 vols/jour, South african c’est plus d’un demi
milliard de F Cfa par mois payé à diverses administrations et
entreprises locales : les Ads (taxes d’exploitation aéroport) ; Shs
(société d’assistance qui s’occupe d’enregistrer le fret, les passagers
et les bagages) ; Senca (nettoyage et chargement avions) ; l’hôtel King
Fahd Palace (hébergement quotidien de quelque 43 membres d’équipage) ;
Abs (bus de transport des équipages vers l’hôtel avec 6 rotations par
jour aller/retour) ; Eas (sécurité et contrôle des documents :
passeports et visas) ; Dakar Catering (restauration à bord) ; l’Asecna
(contrôle aérien) ; sa propre Agence de voyage (22 employés), etc. sans
compter les commissions à diverses autres agences de voyage de la place,
l’impact financier sur les milliers d’emplois directs et indirects etc.
sans parler de tous les loyers, impôts, taxes et autres redevances
laissés à Dakar. Nous n’oublierons pas, enfin, le milliard de F Cfa
réglé mensuellement à Smcady (kérosène) ».
Selon
Jean Paul Dias, aucune autre compagnie aérienne ne contribue autant à
la vigueur de notre économie aéronautique, en lui faisant gagner,
annuellement, plus de 20 milliards de F Cfa soit quelque 40 millions de
dollars us. Devant un tel manque à gagner, Jean Paul s’interrogeait sur
le manque de réaction des décideurs. Vraisemblablement, les lignes n’ont
pas bougé. Et il semble que rien n’est fait pour dissuader South
African Airways de partir.
Air Sénégal SA pour prendre la relève ?
Toutefois, ce départ qui sera effectif à partir du 1er septembre, est une aubaine pour Air Sénégal SA qui, selon les informations de Dakaractu, ambitionne de desservir cette ligne (Dakar-Washington) dès juin 2020. La compagnie aérienne qui a lancé la ligne Dakar-Paris à la faveur du départ de Corsair, avec un A330 NEO n’entend pas se limiter là. Un appareil du même de la même génération est attendu le mois prochain et devrait, dans moins d’un an, assurer cette desserte. D’ici là, les voyageurs désireux de se rendre aux Etats-Unis d’Amérique devront se rabattre sur Delta qui sera la seule compagnie aérienne à effectuer désormais des vols sans escale entre les États-Unis et le Sénégal, puisqu’elle effectue des vols deux fois par semaine au départ de New York JFK.